
La ville moderne s’est bâtie sur le déracinement, la séparation et la maîtrise : domestiquer l’eau , canaliser les sols, discipliner les flux, aligner l’arbre.
Hérité des paradigmes productivistes, cet imaginaire a progressivement configuré la ville comme un métabolisme fonctionnel, optimisé mais inerte.
Or, le vivant n’est pas un supplément d’âme à l’urbain, il en est la condition d’habitabilité.
Faire place au vivant suppose de rompre avec cette posture de domination pour accueillir une logique de réciprocité 🤝.
La ville cesse alors d’être un artefact désincarné pour devenir un milieu cohabité, un organisme relationnel et métaboliquement actif.
♻️ Adopter une stratégie régénérative, c’est reconnaître que l’urbain lui-même est un biotope – un système complexe où se tissent interdépendances et rétroactions entre humains et non-humains, matière et énergie, infrastructures et imaginaires.
Cette démarche implique plusieurs leviers :
• 🌳 Réinstaurer des continuités écologiques : mobiliser les trames vertes et bleues pour reconnecter les habitats, favoriser les corridors de déplacement et garantir la diversité spécifique.
• 🌤️ Renforcer les services écosystémiques : intégrer à toutes les échelles des dispositifs végétalisés pour réguler les températures, infiltrer les eaux, stocker du carbone et purifier l’air.
• 🌾 Privilégier des sols vivants : limiter l’imperméabilisation, restaurer la porosité et la fertilité, favoriser les micro-organismes et la faune du sol comme fondement des écosystèmes urbains.
• 🔄 Composer avec les dynamiques du milieu : anticiper les risques liés à la chaleur, aux inondations ou aux sécheresses, et mettre la ville en homéostasie avec son environnement.
• 🐝 Ouvrir les espaces publics à la pluralité des vivants : concevoir des lieux hybrides où se croisent biodiversité et intensité des usages, permettant une cohabitation entre humains et non-humains.
Il s’agit de concevoir la ville non plus comme un assemblage de fonctions, mais comme un organisme capable d’auto-régulation, d’évolution et de coopération avec les dynamiques de son écosystème.
Là où l’urbain s’était défini comme l’altérité première à la nature, la régénération consiste moins à restaurer un état antérieur qu’à inventer de nouvelles relations entre vivants — par la diversification des milieux et la transformation des espaces urbains en écosystèmes habités.
