
Le jeudi 27 novembre 2025, dans l’auditorium des ministères de l’Aménagement et de la Transition écologique à Paris La Défense, s’est tenue la remise du Prix National Art Urbain 2025, à l’issue d’une matinée de débats et d’échanges consacrée au thème : « Habiter avec l’eau : recontextualiser l’aménagement des villes, bourgs et villages ».
Pour Louis Moutard, Président de l’Association Art Urbain dans les Territoires, l’horizon est clair : « La sécheresse gagne du terrain, les précipitations s’intensifient, les ressources en eau restent fragiles ».
Et comme le rappelle Pascale Poirot, Vice-Présidente de l’association : « La transition est déjà à l’œuvre, des voies s’ouvrent, et c’est le sens de notre engagement ».
C’est précisément la vocation d’Art Urbain dans les Territoires :
révéler chaque année des projets innovants ;
encourager la rencontre des savoirs et des pratiques, car la pluridisciplinarité fait la force des projets ;
montrer que l’adaptation se construit ensemble, à toutes les échelles ;
faire émerger des solutions concrètes au service des territoires et de leurs habitants.
EAU, CLIMAT, TERRITOIRES : CE QUE RÉVÈLE LE PALMARÈS 2025
Face aux dérèglements climatiques, l’eau devient le premier révélateur des fragilités urbaines : trop d’eau, pas assez d’eau, ou de l’eau au mauvais endroit. Sécheresses, ruissellements incontrôlés, inondations soudaines et perte de biodiversité rappellent que l’eau est aujourd’hui le marqueur central de l’adaptation.
Selon Louis Moutard : « L’eau dit beaucoup de la manière dont nos villes ont été construites… et la manière dont elles devront désormais se transformer. Les opérations présentées cette année montrent que l’innovation ne vient pas d’une idée abstraite, mais de projets concrets, portés par des équipes locales engagées ».
Dans ce contexte, l’édition 2025 du Prix National Art Urbain dans les Territoires « Habiter avec l’eau » met en lumière un mouvement de fond : partout en France, les collectivités repensent leur relation au cycle de l’eau, non plus pour la contraindre mais pour composer avec elle, la rendre visible, utile et structurante.
Longtemps traitée comme un problème à enterrer, détourner ou canaliser, l’eau est désormais reconnue comme une ressource vitale, un outil d’aménagement et parfois même un moteur de reconquête urbaine. Comme le souligne Charles Hazet, adjoint à la sous-direction Aménagement durable du Ministère de la Transition écologique :
« Par nature, l’eau dépasse le périmètre strict des villes. Elle connecte l’urbain à son interland, met en tension les relations amont–aval et appelle des coopérations avec les territoires voisins. Cette dynamique redessine le tissu urbain et renforce la cohérence territoriale. »
Cette vision de l’eau comme infrastructure territoriale trouve aujourd’hui sa traduction opérationnelle dans les projets locaux : désimperméabilisation, infiltration à la source, renaturation des lits d’eau, sols vivants, gestion à ciel ouvert et solutions fondées sur la nature. Les bassins versants deviennent l’échelle de cohérence et, comme le rappelle l’image de la « ville éponge », l’avenir passe par des villes capables d’absorber, de stocker, de filtrer et de restituer l’eau, plutôt que de la repousser.
VERS UNE GOUVERNANCE DE L’EAU PARTAGÉE
Les projets primés montrent qu’en rendant l’eau visible, en laissant les sols infiltrer et en renaturant plutôt qu’en suréquipant, les communes gagnent en résilience tout en améliorant le confort de vie. L’eau devient un facteur de fraîcheur, de biodiversité et de qualité urbaine, ainsi qu’un support d’appropriation citoyenne.
Sur le plan politique, comme le rappelle Bruno Forel, Président de l’Association Nationale des Élus des Bassins (ANEB) : « il s’agit désormais de considérer l’eau comme un bien commun de la nation, un patrimoine partagé qui impose une responsabilité collective ». L’eau n’est ni linéaire ni uniforme. Elle n’est pas «potable», «usée», «pluviale» séparément : c’est un cycle unique, continu et interconnecté, qui appelle une gouvernance transversale, pensée à l’échelle des bassins versants plutôt qu’à celle des seules limites administratives.
En révélant des réalisations concrètes et duplicables, le palmarès 2025 confirme qu’une autre manière de faire la ville est déjà à l’œuvre. L’eau n’est plus une contrainte subie : elle devient une colonne vertébrale, un atout collectif et un terrain d’alliance entre élus, experts et habitants. C’est là tout l’enjeu des années à venir : transformer les vulnérabilités climatiques en projets et faire de l’eau le socle d’un aménagement durable, sobre et habitable.
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