
Le poète romain s’exprimait ainsi en constatant les progrès réalisés par la construction navale au cours de sa vie : « Le monde est jeune. » On se pose encore des questions sur l’érection des pyramides, et ce n’est que récemment que le béton
utilisé par les Romains a livré ses secrets, expliquant pourquoi ce matériau se renforçait alors avec le temps, alors que le « nôtre » se délitait inexorablement. La fin du monde, qui serait aussi celle de l’Histoire, évoquée par Francis Fukuyama, serait assurément liée au moment où plus aucun progrès ne viendrait bouleverser nos
existences. On n’en est pas là.
L’IA s’inscrit dans ce cycle perpétuel de progrès. Elle vient à l’appui du savoir humain qui l’a créée. C’est un outil, et il ne faudrait pas y voir autre chose. Elle est au xxie siècle ce que furent en leur temps le feu, la boussole, l’imprimerie, la machine à vapeur ou l’électricité, soit des progrès dont l’utilisation a su être bénéfique – ou pas –
à l’humanité. Esope (VIe siècle av. J-C) décrivait la langue comme l’outil d’expression du pire et du meilleur. L’IA n’en est assurément pas éloignée.
L’Intelligence artificielle nous transforme en Thèsée qui, au moment d’entrer dans le labyrinthe, se fait aider par Ariane : elle lui déroula une pelote de fil
lui permettant de retrouver son chemin. Nous aussi, nous avons besoin d’être accompagnés dans ces chemins que nous ouvre une IA qui, loin de se substituer à notre intelligence, est surtout une incitation à développer une intelligence humaine permettant de comprendre, d’analyser ce que nous propose l’IA, voire de douter
d’elle et de corriger ses abus.
La Gendarmerie nationale n’est pas la dernière à suivre ce fil d’Ariane et débusquer les minotaures du darknet et autres usages dévoyés de l’IA.
Au fond rien de bien neuf depuis l’Antiquité et la mythologie. Le monde
est encore jeune.
Bonne lecture de ce nouveau de l'Essor : https://lessor.org/
