La prostitution n’est pas qu’un problème des grandes villes

Lorsqu’on évoque la prostitution, l’image qui vient spontanément à l’esprit est celle des grandes métropoles, de leurs quartiers nocturnes et de leurs périphéries. Pourtant, le phénomène s’installe aussi dans les campagnes, souvent de manière plus diffuse, plus invisible, mais tout aussi préoccupante.

Un phénomène qui touche aussi les zones rurales

Dans de nombreuses communes rurales, des femmes, des jeunes filles, mais aussi des hommes, sont contraints d’exercer la prostitution dans des contextes discrets : appartements isolés, au bord des routes, zones d’activités excentrées. La ruralité, par son relatif isolement et la moindre présence policière ou associative, peut devenir un terreau où l’exploitation prospère à l’abri des regards. Les habitants eux-mêmes, les élus et les acteurs locaux n’en prennent parfois conscience qu’au détour d’un signalement, d’un contrôle routier ou d’un fait divers.

Un défi social pour les communes

Au-delà de la lutte contre les réseaux, la prostitution pose des questions sociales majeures auxquelles les municipalités peuvent être confrontées :

• Hébergement : certaines personnes se retrouvent sans logement stable, dépendantes d’exploitants ou en grande précarité.

• Santé : l’accès aux soins est souvent difficile, qu’il s’agisse de médecine générale, de suivi psychologique ou de prévention.

• Enfance et scolarité : les enfants de personnes prostituées peuvent être exposés à des violences, des ruptures de parcours, des difficultés d’inscription à l’école ou à la crèche.

• Langue et intégration : beaucoup sont étrangères, avec une barrière linguistique qui freine toute insertion.

• Formation et emploi : proposer des alternatives crédibles passe par l’apprentissage, la formation professionnelle et la réinsertion par le travail.

Le rôle clé des élus locaux

Même si les communes ne disposent pas de toutes les compétences, elles peuvent agir en première ligne :

• repérer et signaler les situations préoccupantes,

• travailler avec les associations spécialisées et les services de l’État,

• intégrer cette réalité dans leurs politiques sociales, de logement, de santé et d’éducation,

• offrir un cadre protecteur et humain qui permet de sortir de l’invisibilité.

Sortir du silence

Reconnaître que la prostitution existe aussi dans nos villages et petites villes, c’est déjà un premier pas pour protéger les personnes concernées, soutenir leurs enfants et mobiliser les ressources locales. La municipalité, en lien avec les partenaires institutionnels et associatifs, a un rôle déterminant : non pas pour tout résoudre seule, mais pour rompre l’isolement et bâtir des réponses adaptées.